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Prestation de serment du Président de la Transition, Un nouveau départ pour la République

  • by redaction 7 octobre 2021 14:56
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La cérémonie de prestation de serment s’est déroulée devant un parterre de Présidents d’institutions, dont celui de la cour suprême, la cour des comptes, et la haute autorité de la communication, ainsi que des membres du CNRD, et du corps diplomatique et consulaire accrédités en République de Guinée.

Dans son discours de circonstance, le Président de la Transition, Chef de l’Etat, le colonel Mamadi Doumbouya, a commencé par remercier toutes les personnes qui ont pu effectuer le déplacement pour venir assister à cette cérémonie solennelle de prestation de serment.

En sa qualité de Président de la Transition, Chef de L’État, il se dit conscient et mesure la valeur et l’immensité des responsabilités qui lui sont confiées.

En se basant sur les derniers événements politiques qui ont eu lieu dans le pays, notamment lors de la dernière décennie de la gouvernance de Monsieur Alpha Condé, il pense qu’une rupture radicale s’impose pour repartir sur des nouvelles bases, afin de tirer le pays vers un changement.

Le Coup D’État perpétré par l’armée à la date du 05 septembre 2021, est la conséquence d’une crise socio-politique aiguë, qui d’une certaine façon a été entraîné par l’ancien régime D’Alpha Condé, qui contre vents et marrées a fait changer la constitution par un référendum dans le but de briguer un troisième mandat, largement contesté par l’opposition et la société civile, le manque de dialogue entre les acteurs sociaux et politiques, la détention des prisonniers politiques, la baisse du pouvoir d’achat des guinéens (e), l’augmentation du prix du carburant ont plongé le pays dans une crise sociopolitique et économique, sans précédent qui justifient la prise du pouvoir par l’armée pour apporter ce  Changement tant attendu par le peuple de Guinée.

Le Président rappelle son allocution lors de la prise du pouvoir, et donne les motifs de la prise du pouvoir qui, tournent autour de la personnalisation du pouvoir, la politisation à outrance de l’administration, la corruption. Etc... Les axes prioritaires du Comité National du Rassemblement et le développement, se résument entre autres : La Rectification institutionnelle, la Refondation de L’État, la dépolitisation de l’administration, la lutte contre la corruption et la gabegie financière etc..., tout en s’inscrivant dans une logique de rassemblement de tout le peuple de Guinée pour donner un caractère légitime à leurs actions, auprès de l’opinion publique nationale et internationale.

Le Président de la Transition, profite de cette cérémonie solennelle, en insistant sur le fait que c’est dans le but de lutter contre une crise politique majeure, qui a secoué, et affecté les liens sociaux et fissuré le tissu social, que les forces de défense et de sécurité ont pris les destinées du pays. C’est sans doute l’anathème qui est jeté encore sur la Classe politique et les élites du pays qui, d’une part, ont montré leurs limites dans la gestion de la cité et, d’autres part, ont échoué à unir les Guinéens autour d’un idéal républicain et commun.

Plus loin, il revient sur un acquis fondamental du comité Nationale du Rassemblement pour le développement, d’avoir doté le pays d’une charte de la transition qui fait office de constitution et qui prévoit des organes qui doivent gérer la transition, à savoir Un gouvernement de Transition, Un Conseil National de Transition, qui auront la lourde responsabilité d’élaborer les différentes missions de la Transition. Qui se résument essentiellement à :

1- La rédaction d’une nouvelle Constitution

2- La refondation de L’État

3- La lutte Contre la Corruption

4- La Réforme du système électoral et la refonte du fichier

5- L’organisation des Élections libres, crédibles et transparentes

6- Et la Réconciliation Nationale.

Nous voyons un Président de la Transition dans un rôle de délégation du pouvoir vers les organes de la transition, tout en définissant les missions qui sont les leurs, cette attitude du président montre un caractère indépendant de ces organes conciliés dans la charte et confirmé par son discours solennel et officiel.

La délégation du pouvoir peut être perçue comme une manière de démocratiser la transition, en respectant ce principe sacro-saint de Montesquieu de séparation des pouvoirs dans « l’esprit des lois » paru en 1748.

Le Président réalise la lourde tâche qui l’attend mais tout de même reste serein, et tire une nouvelle fois la ficelle du caractère inclusif que doit remplir la transition, en lançant un appel à tous à l’édification, d’une nation forte dans un esprit de solidarité et de patriotisme républicain, et tire la sonnette d’alarme sur les esprits divisionnistes qui pourraient conduire lamentablement à l’échec de la transition.

Fort de son caractère républicain, le Président instruit les organes de la transition de veiller à la réalisation effective des missions qui sont les leurs.

Cela pourrait être analysé sous le prisme de la dépersonnalisation du pouvoir, pour donner la plénitude aux organes de la transition de remplir convenablement leur mission.

 Il a également mis un accent particulier sur le rôle que doit jouer la justice pour garantir une paix sociale pour le pays.

Il pose un diagnostic déplorable quant à la dépendance de l’institution judiciaire, qui explique d’une part, le manque de confiance totale des citoyens à l’appareil judiciaire, et d'autre part, il mesure l’immensité du travail qui attend les hommes de lois.

Une telle communication, d’une junte au pouvoir, pourrait avoir deux effets sur le peuple. Le premier est celui de se faire passer comme légalistes des personnes qui ont foi à la justice, et convaincus sans une réelle ??? on ne pourrait pas aboutir à une paix sociale, le deuxième est de réitérer leur engagement, lors de la prise du pouvoir, ils se sont fendus d’un slogan à tout bout de champs comme quoi « il n’y aurait pas de chasse aux sorcières, la justice sera la boussole qui orientera les actions de tout un chacun ». La réforme de la justice étant présentée comme un impératif, afin d’être en phase avec les promesses tenues à l’endroit du peuple de Guinée.

Le Président se dit aussi attaché aux liens de raffermissement et d'amitié avec les pays voisins de la Guinée.

C’est une rupture totale avec l’attitude qu’a eu l’ancien régime D’Alpha Condé qui avait expressément de manière unilatérale fermer les frontières des pays voisins en les accusant de vouloir aider un opposant à renverser son régime. La réouverture des frontières de ces pays voisins par le CNRD, s’inscrit dans le cadre de la consolidation de ces liens d’amitiés.

Il rassure au même moment, l’Union africaine que la Guinée continuera à tenir son rang au sein de l’organisation.

Il réitère une nouvelle fois l’engagement du CNRD, en ces termes :« Ni moi, ni aucun membre du CNRD, et des organes de la Transition ne sera candidat aux élections, et que nous n’avons nulle intention de nous accrocher au pouvoir ».

Cette partie du discours demeure une préoccupation majeure du peuple de Guinée, car comme on le dit souvent un peuple qui n’apprend pas de son passé est condamné à le revivre.

Cela nous amène à rappeler le discours du Capitaine Dadis en 2009, après la prise du pouvoir qui avait dit à l’époque :« Qu’il ne serait pas Candidat, qui après, s’est rétracté au bout de quelques mois ».

Cet engagement pris par le CNRD, par la voix de son Président, devrait être pris avec beaucoup de pincettes, car le pouvoir a ses mystères et révèle l’homme au grand jour.

L’autre différence est qu'il faille noter, c'est qu'en 2009, les engagements qui ont été pris par le CNDD, n’étaient pas consignés dans une charte, et le Capitaine Dadis n’a jamais prêté serment.

Contrairement à cette Transition ou cet engagement est consigné dans une charte, et le Président Col. Mamadi Doumbouya a prêté serment devant tout le peuple de Guinée de respecter la loi et de la faire respecter, à défaut qu’il subisse les rigueurs de la loi.

Il finit son discours en lançant un appel à tout le peuple de Guinée, pour saisir une opportunité de rompre avec les pratiques malsaines et douloureuses du passé, afin de refonder l’État et mettre les bases d’un développement solide et durable.

En somme, il faut rappeler que tout discours, en particulier politique, ne se contente pas seulement de décrire un réel qui préexiste mais construit la représentation du réel que le locuteur souhaite faire partager par son allocutaire (Bourdieu).

Ce discours du président de la transition d’une part est révélateur d’espoir, et d’autre part laisse des zones d’ombre et des nuages qui ne pourront être dissipés que par le temps à travers les actions qui seront menées tout au long de la Transition.

Car tout discours à un objectif performatif, dont la finalité réside dans la recherche d’une adhésion du destinataire (Seignour 2011).

Saïkou Diallo, Etudiant en Master Science Po à l’Université de Lille (France).

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